Cavernome et Gardasil

Question posée par l'intermédiaire de Madame le Professeur E. TOURNIER-LASSERVE au professeur G. AGIUS au sujet d'une jeune fille L...... agée de 15 ans, qui est porteuse d'un cavernome situé au-dessus du tronc cérébral, concernant l'innocuité d'une vaccination par le Gardasil*.
 
Tout d'abord, voici quelques notions sur le concept de fabrication du vaccin prophylactique Gardasil* ; ce vaccin est basé sur la capacité des protéines de capside L1 des papillomavirus (HPV) à s'autoassembler en l'absence de génome viral pour former des pseudo-particules virales ou virus like particle (VLP). Ces VLP, dépourvues de caractère infectieux ou oncogène, portant des épitopes identiques à ceux des particules virales permettent d'induire des titres d'anticorps neutralisants anti-VLP élevés. Le Gardasil* contient des VLP L1 des HPV16 et 18 (responsables de dysplasies de haut grade du col de l'utérus, de la vulve et des cancers du col) et des VLP L1 des HPV 6 et 11 (responsables des condylomes génitaux et des papillomes laryngés).
 
Les contre-indications officielles mentionnées sont l'hypersensibilité aux substances actives ou à l'un des excipients du vaccin, et une maladie fébrile aiguë sévère. Les recommandations officielles mentionnent également que ce vaccin doit être administré avec prudence chez les sujets présentant une thrombocytopénie ou tout trouble de la coagulation.
 
Au plan fondamental, certaines oncoprotéines virales des HPV comme E6 possèdent une action activatrice du VEGF (vascular endothelial growth factor) mais dans la mesure où le vaccin est constitué uniquement de protéines virales de capside (c'est-à-dire des protéines formant la coque entourant le génome viral), il n'y a pas de risque d'une éventuelle stimulation de l'angiogenèse. Par ailleurs, il n'y a pas à ma connaissance, d'association entre HPV et angiomes caverneux cérébraux qui pourrait faire craindre un éventuel risque dans le cas de cette jeune fille.
 
Au total, à mon avis, la présence d'un cavernome ne constitue pas une contre-indication à cette vaccination du fait de l'absence d'information génétique virale dans la préparation vaccinale.
 
Pr Gérard AGIUS, Virologie, CHU de Poitiers